Mattia Preti (Taverna ,1613 - La Valletta, 1699)
(Taverna, 1613 – La Valletta, 1699)
Portrait d’un soldatHuile sur toile. 121,5 x 98,5 cm.
- PROVENANCE
- BIBLIOGRAPHIE
- EXPOSITIONS
- DESCRIPTION
PROVENANCE
Heinz Kisters (1912-1977), Kreuzlingen (Suisse) ; vente Habsburg, Feldman SA, hôtel des Bergues, Genève, 3 Juillet 1988, n° 81/168 (comme « attribué à Pier Francesco Mola ») ; Lugano, collection particulière.
BIBLIOGRAPHIE
-Laura Laureati, in Pier Francesco Mola 1612-1666, cat. exp. Lugano, Museo Cantonale d’Arte, 23 septembre-19 novembre 1989 ; Rome, Musei Capitolini, 3 décembre 1989 – 31 janvier 1990, p. 313-314, n° IV.9 ;
-John T. Spike, Mattia Preti. Catalogo ragionato dei dipinti, Florence, 1999, p. 164, n° 77 ;
-Keith Sciberas, in Caravaggio e i caravaggeschi. La pittura di realtà, Vittorio Sgarbi (dir.), cat. exp. Sassari, Palazzo Ducale, 26 juin – 30 octobre 2015, n° 18, p. 132-133 ;
-Giorgio Leone, in Mattia Preti. Un giovane nella Roma dopo Caravaggio, Giorgio Leone (dir.)., cat. exp. Rome, Galleria Nazionale D’Arte Antica in Palazzo Corsini, 28 Octobre 2015 – 18 Janvier 2016, p. 33, sous le n° 1, p.141, fig. 37.
EXPOSITIONS
-Pier Francesco Mola 1612-1666, cat. exp. Lugano, Museo Cantonale d’Arte, 23 septembre- 19 novembre 1989 ; Rome, Musei Capitolini, 3 décembre 1989 – 31 janvier 1990 ;
-Caravaggio e i caravaggeschi. La pittura di realtà, Vittorio Sgarbi (dir.), cat. exp. Sassari, Palazzo Ducale, 26 juin – 30 octobre 2015.
DESCRIPTION
Œuvre en rapport :
Tableau : La photo en n/b d’une autre version se trouve dans le catalogue (n° 53531) de la photothèque de la Fondazione Zeri, Bologne, comme collection particulière, Rome (encore aujourd’hui ?), (http://catalogo.fondazionezeri.unibo.it/scheda/opera/55406/Preti%20Mattia%2C%20Soldato)
Dès 1990, lors de l’exposition sur le peintre Pier Francesco Mola et le contexte romain, le tableau a été reconnu de la main du peintre calabrais Mattia Preti avant de faire partie, quelques années plus tard, du catalogue raisonné de cet artiste rédigé par John T. Spike. Ce dernier situe notre portrait de soldat vers 1635, une datation précoce qui correspond à la première manière caravagesque du maître de Taverna. En effet, c’est à Rome que l’artiste se forme dans une direction opposée à celle de son frère Gregorio, plus classique et arrivé plus tôt dans l’Urbs, alors que Mattia est sensible au clair-obscur de Caravage. La mise en page avec le fond traversé par une diagonale de lumière avait été largement diffusé par les disciples de Caravage, notamment par Bartolomeo Manfredi (1582-1622). La lumière venant de la gauche joue sur l’armure au moyen de généreux reflets de matière blanche sur l’épaule, le bras droit et le casque surmonté de trois plumes d’autruche, elles aussi de couleur blanche. Une écharpe bleue vient agrémenter le corselet de l’armure et virevolte sur le fond brun-gris, comme en suspension dans l’espace. Elle semble mise en mouvement par un vent imaginaire et muet. L’armure de ce soldat présente quelques éléments de décor, certainement dans la technique du repoussé, notamment la volute en partie cachée par cette magnifique écharpe. D’une grande force visuelle, le modèle nous décrit un homme d’âge mûr, tenant non pas une hallebarde
comme c’est généralement le cas, mais serrant le pommeau d’une épée. Ce sujet renvoie aux thématiques caravagesques des concerts ou des joueurs de cartes ou de dés, souvent situés dans des corps de garde, où apparaissent logiquement ces figures en armure particulièrement représentées par le milieu des artistes français et avant eux, par Ribera (1591-1652).
A Rome, Preti aura sans doute eu une connaissance directe des tableaux de Valentin de Boulogne (1591-1632), de Nicolas Régnier (1591-1667) ou encore de Nicolas Tournier (1590- 1639). Dans le corpus de ce peintre toulousain, il existe, en effet, plusieurs exemples de Portrait de soldat en figure seule (Toulouse, musée des Augustins ; Paris, collection particulière1). Le jeune Mattia Preti s’est lui aussi exercé à ces thèmes caravagesques dans des compositions plus ambitieuses : ainsi dans Le Concert de la collection du Museo Thyssen -Bornemisza de Madrid ou Le Concert de la Galleria Doria Pamphilj à Rome, ou encore dans La négation de saint Pierre (Carcassonne, musée des Beaux-Arts), tout en traitant ce thème du portrait d’homme en armure en figure seule (un autre exemple, très différent, se trouve au Museo Civico de Rende)2.
Mattia Preti a, assez tôt, laissé les terres calabraises pour un probable et court séjour à Naples où il a certainement regardé avec intérêt la peinture très naturaliste, attentive aux effets de lumière caravagesque, de Battistello Caracciolo (1578-1635). Au début des années 1630, vers l’âge de dix-huit ans – la première trace sûre de son arrivée à Rome date de Pâques 1632 –, il a déjà rejoint son frère aîné, mais il n’est pas exclu, comme le pense Gianni Papi, que Mattia soit arrivé encore enfant à Rome dans le sillage de Gregorio, et qu’il ait commencé à s’y former dès 1624. Il y reste jusqu’en 1644, puis il part quelques mois à Venise pour un voyage d’étude avant de revenir à Rome jusqu’en 1651. Après un bref passage à Modène, on le retrouve à Naples puis à Malte (il arrive en 1661) où il connaitra un succès retentissant, laissant de nombreux témoignages de son art dans toute l’île.
Notes :
1- Nicolas Tournier. Un peintre caravagesque, 1590-1639, cat. exp ; Toulouse, musée des Beaux-Arts, 29 mars-1er juillet 2001, p. 126-129, nos 22-23.
2- John T. Spike, Mattia Preti. Catalogo ragionato dei dipinti, Firenze, 1999, p. 247, n° 174.