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Carlo Ceresa (San Giovanni Bianco, 1609 - Bergame, 1679)

Portrait d'homme avec perruque

Huile sur toile, 196.5 x 115.3 cm.

  • PROVENANCE
  • BIBLIOGRAPHIE
  • EXPOSITIONS
  • DESCRIPTION

PROVENANCE


Milan, collection Vincenzo Polli.

BIBLIOGRAPHIE


- Roberto Longhi – Renata Cipriani – Giovanni Testori, I pittori della realtà in Lombardia, cat. exp. Milan, Palazzo Reale, avril-juillet 1953, p. 39, no 46, ill. ;
- Giovanni Testori, « Carlo Ceresa, ritrattista », Paragone, n° 39, 1953, p. 28 ;
- Marco Valsecchi, dans Un incontro bergamasco : Ceresa – Baschenis nelle collezioni private bergamasche, cat. exp. Bergame, Galleria Lorenzelli, septembre 1972, n° XIX ;
- Mina Gregori, « Carlo Ceresa », dans Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 23, 1979, p. 716;
- Ugo Ruggeri, Carlo Ceresa, Dipinti e Disegni, Bergame, 1979, p. 207, fig. 91 ;
- Luisa Vertova, Carlo Ceresa un pittore bergamasco nel’600 (1609-1679), cat. exp. Bergame, Palazzo Moroni, 1983, p. 140-141, n° 76 ;
- Luisa Vertova, « Carlo Ceresa », dans I Pittori bergamaschi. Il Seicento II, Bergame, 1984, p. 533, 566, n° 90, 724, fig. 1 ;
- Simone Facchinetti – Francesco Frangi – Giovanni Valagussa (dir.), Carlo Ceresa. Un pittore del Seicento lombardo tra realtà e devozione, cat. exp. Bergame, Museo Adriano Bernareggi, Accademia Carrara, 10 mars – 24 juin 2012, p. 22, repr.

EXPOSITIONS


- Pittori della realtà in Lombardia, cat. exp. Milan, Palazzo Reale, avril-juillet 1953, p. 39, n° 46, ill. ;
- Un incontro bergamasco : Ceresa – Baschenis nelle collezioni private bergamasche, cat. exp. Bergame, Galleria Lorenzelli, septembre 1972, n° XIX;
- Carlo Ceresa. Un pittore bergamasco nel’600 (1609-1679), cat. exp. Bergame, Palazzo Moroni, 1983, p. 140-141, n° 76.

DESCRIPTION


Lors de la fameuse exposition milanaise de 1953 – « I pittori della realtà in Lombardia » –, l’artiste lombard Carlo Ceresa était représenté par une série de portraits, série à laquelle appartenait notre Portrait d’homme avec une perruque. À croire que Ceresa ne fut qu’un portraitiste. La toute récente exposition monographique de Bergame (2012) est venue nous démontrer le contraire, retraçant une carrière par ailleurs très orientée vers la peinture sacrée et, dans une moindre mesure, vers les sujets mythologiques.
Documenté à San Giovanni Bianco, sa ville natale, de 1609 à 1636, Ceresa se transfère ensuite à Bergame. D’emblée, il se trouve confronté à l’héritage de Giovan Battista Moroni (1520/1524-1579), le grand portraitiste du XVIe siècle, sur les exemples duquel Ceresa médite et s’inspire de ses mises en pages dépouillées, comme le montre le Portrait du vieil homme assis dans un fauteuil rouge (Florence, Fondazione Roberto Longhi). Il deviendra le peintre attitré de l’aristocratie bergamasque sachant faire évoluer son style et ses compositions. Notre ambitieux portrait appartient à la phase ultime de l’artiste. Luisa Vertova le date d’environ 1665-1670, moment pendant lequel Ceresa peut s’enorgueillir de rivaliser dans ce genre avec Luigi Miradori, dit le Genovesino (1600/1610-1656 ?), ou le Bergamasque Evaristo Baschenis (1617-1677).
Le peintre nous livre ici une image d’une grande force expressive, traduite en un langage sévère et serré, en accord avec l’esthétique lombarde. La sobriété de la mise en pages et de la description de l’environnement, la pose sans artifice contrastent avec le caractère recherché et décoratif du costume. Le modèle, main gauche sur le pommeau de l’épée et l’autre fermée sur la hanche, est présenté en pied, devant un espace indéfini. L’ample rideau rouge et son lourd pompon, à gauche, nous invitent à penser qu’il s’agit cependant de l’intérieur de sa demeure. L’expression du personnage est ferme et peu amène, ce que le peintre a fort bien rendu, sans empathie aucune.
La virilité du modèle contraste de fait avec la volumineuse et longue perruque bouclée, la préciosité du vêtement, étudié dans ses moindres détails, y compris dans ses couleurs comme le surprenant orange. L’une des clefs de la réussite de ce portrait réside dans la perception de ce hiatus, exprimé par l’artiste, entre le raffinement du costume – force dentelles, pompons et nœuds – et la perruque qui laisse les cheveux longs et libres sur les larges épaules masculines, elles aussi décorées de rubans. Dans son livre sur l’histoire du costume en Lombardie, Grazietta Butazzi atteste de l’authenticité de la mise et note que, sous l’influence de la mode française, un adoucissement du costume de l’homme de famille aristocrate s’est opéré1. Cela s’est traduit dans ces vestes dont les manches s’arrêtent peu après le coude pour laisser apparaître largement le travail de la chemise blanche ourlée de dentelles. Les caleçons finissant aux genoux, très larges à Milan, étaient documentés, toujours selon Grazietta Butazzi, à la fin des années 1660. Les chaussures à talon, avec une languette très montante sur le coup de pied et fermées par une boucle, sont également typiques de la seconde moitié du XVIIe siècle. Subsiste le fin collant de lin qui était, lui, d’usage dans l’habit militaire.
Notre modèle, malheureusement anonyme, est fier de se montrer sous son jour le plus contemporain, « à la dernière mode » venue de France. La présence de l’épée – symbole masculin par excellence –, portée au côté gauche, est là pour rappeler que cet homme au visage fermé ne devait pas hésiter à dégainer si les circonstances l’exigeaient.
Le port altier et l’austérité du modèle et de la présentation se retrouvent dans d’autres portraits de l’artiste de cette même époque : ainsi le Portrait d’un gentilhomme de la famille Terzi (collection particulière) qui est positionné de la même manière avec le poing fermé sur la hanche gauche, attitude favorisant le déhanché, ou encore les deux grands portraits représentant l’un un gentilhomme et l’autre une gentille dame, peut-être un couple, et tous deux encore aujourd’hui en collection particulière2.
Avec ses portraits en pied, au fort impact visuel misant essentiellement sur un rendu psychologique sévère avec une réelle économie de moyens, Ceresa s’est définitivement rallié aux caractères du réalisme lombard à un moment où le baroque s’imposait partout ailleurs en Italie.

Notes :
1- Grazietta Butazzi, Il costume in Lombardia, Milan, 1977, p. 96, 99-101.
2- Francesco Frangi, dans Simone Facchinetti – Francesco Frangi – Giovanni Valagussa (dir.), Carlo Ceresa. Un pittore del Seicento lombardo tra realtà e devozione, cat. exp. Bergame, Museo Adriano Bernareggi, Accademia Carrara, 10 mars – 24 juin 2012, p. 278-279, n° 101, 280-283, nos 102-103.