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Pietro Martire Neri (Crémone 1601 - Rome 1661)

(Cremone, 1601 – Rome, 1661

Portrait de Diego Velázquez (Séville,1599 – Madrid,1660)

Huile sur toile. 78 x 57 cm

  • PROVENANCE
  • BIBLIOGRAPHIE
  • EXPOSITIONS
  • DESCRIPTION

PROVENANCE


Angleterre, collection particulière.

BIBLIOGRAPHIE


- Marco Tanzi, « Anticipazioni su Pietro Martire Neri », Cremona, 1, 1994, p. 53-55, fig. p. 54;
- Marco Tanzi, « Pietro Martire Neri : due ritratti e qualche precisazione sugli esordi », dans Mina Gregori-Marco Rosci (dir.), Il Seicento lombardo (journée d’étude, Varese, Villa Mirabello, 16 mars 1996), Turin, 1996, p. 58-59, IV, fig. 98 ;
- Marco Tanzi, dans Francesco Frangi-Alessandro Morandotti (dir.), Il ritratto in Lombardia da Moroni a Ceruti, cat. exp. Varese, Castello di Masnago, 21 avril – 14 juillet 2002, p. 190, sous le n° 73 ;
- Marco Tanzi, Celebratory Portrait of Ancislao Gambara, Paris, Galerie Canesso, 2011, p. 9, note 4, 11, fig. 5;
- Véronique Damian, La Vierge enfant de Francisco de Zurbaran. Trois portraits par Simon Vouet, Pietro Martire Neri et Angelika Kauffmann. Tableaux bolonais, vénitiens et napolitains du XVIe et XVIIe siècle, Paris, Galerie Canesso, 2014, p. 48-51;
- Wolfgang Prohaska in Velázquez, Sabine Haag (dir.), cat. exp. Vienne, Kunsthistoriches Museum, 28 octobre 2014- 15 février 2015, p. 242-244, n° 46.
- Guillaume Kientz in Velázquez, Guillaume Kientz (dir.) cat. exp. Paris, Grand Palais, 25 mars-13 juillet 2015, p. 344-345, n° 114;
- Michael A. Brown, in Art & Empire. The Golden Age of Spain, Michael A. Brown (dir.), cat. exp., The San Diego Museum of Art, 18 mai – 2 septembre 2019, p. 59, 173, n° et fig. 42.
 

EXPOSITIONS


- Velázquez, Sabine Haag (dir.), Vienne, Kunsthistoriches Museum, 28 octobre 2014-15 février 2015; p. 242-244. - Velázquez, Guillaume Kientz (dir.), Paris, Grand Palais, 25 mars-13 juillet 2015, p. 344-345;
- Art & Empire. The Golden Age of Spain, Michael A. Brown (dir.), cat. exp., The San Diego Museum of Art, 18 mai – 2 septembre 2019.

 

DESCRIPTION


Cet inattendu Portrait de Diego Velázquez, le regard captivé par son modèle, pinceau et palette en main, émergeant d’un fond sombre, a été rendu au peintre originaire de Crémone, Pietro Martire Neri, par Marco Tanzi. Ce dernier a eu le mérite de sortir son œuvre de l’oubli en éclairant sa formation, en retraçant son parcours jusqu’au rapport de travail – et certainement d’amitié – qu’il eut à Rome avec le prestigieux peintre sévillan représenté ici.
L’artiste s’est formé à Mantoue, sous l’ascendance de Domenico Fetti (ca. 1589-1623), dont il fréquenta l’atelier et dont il copia les œuvres. Puis, ce sera le retour dans sa patrie, où on le voit déjà attiré par le portrait. Après un premier et bref séjour à Rome, il rentre en Lombardie, séjourne entre Crémone et Mantoue (réalisant des commandes pour les Gonzague), Pavie, mais aussi Milan où il travaille pour des familles très en vue, comme les Borromeo ou les comtes della Riviera, une branche de la famille Sfondrati. S’en suivra son départ définitif pour la Ville éternelle, où il réside d’octobre 1647 jusqu’à sa mort, en 1661. On connaît peu son activité romaine et pourtant il sera en contact avec les artistes majeurs de son temps, de Diego Velázquez à Alessandro Algardi (1598-1654), tout en évoluant dans le cercle de ceux qui travaillent pour le pape Innocent X Pamphilj. Son élection au titre de prince de l’Académie de Saint-Luc en 1653 prouve sa notoriété.
Soulignons, après Marco Tanzi, que sa célébrité est en partie liée au fait d’avoir collaboré avec Velázquez au Portrait de Cristoforo Segni (Kreuzlingen, Kisters Collection), majordome du pape Innocent X, s’il faut en croire l’inscription qui se trouve au revers de la toile1. Dans tous les cas, les noms des deux peintres se côtoient à nouveau à propos du Portrait d’Innocent X (Rome, Galleria Doria Pamphilj), exécuté par Velázquez pendant son second séjour romain – entre l’été 1649 et novembre 1650 –, une œuvre qui sera copiée, voire amplifiée par Pietro Martire Neri, comme le démontre le Portraits d’Innocent X et d’un prélat (Real Monasterio San Lorenzo del Escorial) qui porte sa signature.
À Rome, Pietro Martire Neri apparaît donc comme un artiste rompu à l’art du portrait. Nous aimerions connaître la genèse du nôtre. Même s’il semble s’inspirer de l’autoportrait des Ménines de Velázquez (Madrid, Museo del Prado ; 1656), il pourrait avoir été conçu avec le modèle sous les yeux, entre 1649 et 1650, ou, au contraire, comme tend à l’indiquer la présence de la croix de l’ordre de Santiago que le modèle obtint dans les derniers mois de sa vie, dater des années 1660-1661, devenant alors une ultime réalisation de Pietro Martire Neri. À moins, dernière hypothèse, qu’il n’ait été exécuté après 1656, date des Ménines, et que la croix ait été ajoutée a posteriori, comme vraisemblablement aussi sur les Ménines et comme ce serait également envisageable pour notre première proposition. En l’absence d’un document d’archive, il est bien difficile de trancher dans la fourchette chronologique couvrant la décennie 1650-1660/1661. Le visage est modelé avec des tons clairs et lumineux, rehaussés de rares et précieux accents colorés – les rouges et les roses –, qui se retrouvent sur la palette. L’artiste, pour brosser l’ensemble, paraît s’appuyer avec maestria, en particulier pour le fond, sur une matière sous-jacente, dont la radiographie est venue nous informer qu’il s’agissait d’une composition à plusieurs personnages, sans lien avec le portrait finalement peint.

Note :
1. Olga Melasecchi, « Pietro Martire Neri ritrattista cremonese nella Roma di Innocenzo X », dans Alessandro Zuccari-Stefania Macioce (dir.), Innocenzo X Pamphilj. Arte e Potere a Roma nell’Età Barocca (actes du colloque, Rome, novembre 1990), Rome, 2001, p. 177 et 188, note 3.