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Jacopo dal Ponte, dit Bassano (Bassano del Grappa vers 1510 - 1592)

(Bassano del Grappa, ca. 1510 -1592)

Portrait d’homme avec un petit chien

Huile sur toile, 124,5 × 107 cm

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PROVENANCE


Dorotheum, Vienne, 13 avril 2011, n° 633 («Leandro da Ponte, gen. Bassano») ; collection particulière.

BIBLIOGRAPHIE


- Véronique Damian, Massimo Stanzione, Guercino, Hendrick de Somer et Fra' Galgario , Paris, Galerie Canesso, 2016, p. 6-9.

DESCRIPTION


En 1995, Alessandro Ballarin a établi un catalogue des portraits de Jacopo Bassano dont l’exécution s’échelonne sur près de cinquante ans (1). Selon lui, le Portrait d’homme avec un petit chien est un ajout important à ce groupe, si différent du reste de sa production principalement constituée de scènes tirées de la Bible, avec une prédilection pour les pastorales. Ce tableau surprend en premier lieu par des dimensions monumentales, rarement utilisées pour ses portraits. Le personnage est placé devant un fauteuil rouge, devant une table, elle aussi recouverte d’un velours rouge où un petit crucifix est posé à proximité de sa main droite. De la gauche, il s’apprête à caresser un petit chien assis, lui aussi, sur un coussin rouge. Il s’agit d’un nouvel exemplaire de portrait de chien dans un œuvre qui en compte de nombreux : celui-ci porte un collier ouvragé, décoré de perles, ce qui indique plutôt qu’il a un statut de chien de compagnie, peu destiné à sortir. La mise en page, assez élaborée, est très équilibrée : le personnage occupe l’espace en prenant place entre les deux grandes plages de rouge, ce qui accentue l’aspect austère du costume noir, veiné de bleu. Le modèle, dont l’identité nous est inconnue à ce jour, se découpe élégamment sur un fond brun clair ; il pose un regard bienveillant sur le spectateur. Cet accord recherché de couleur est déjà présent dans d’autres portraits de l’artiste, notamment Le Portrait d’homme avec un barbe, aujourd’hui au J. Paul Getty Museum (Malibu) dépeint uniquement à l’aide du beige clair et du noir pour le costume. Conçu avec un réel souci d’objectivité, ce portrait nous rappelle que l’artiste s’était intéressé aux portraitistes de Brescia, comme Moretto (1498-1554) et Giovan Battista Moroni (1520-1578). Une étude de figure représentant un Portrait d’homme avec une barbe (Padoue, collection particulière), à la craie sur papier, témoigne d’une recherche semblable de réalisme (2). La feuille met en évidence une caractéristique visible aussi sur le tableau : les détails de la barbe et des cheveux y sont repris à la craie noire, tout comme ici ils sont repris au moyen de la couleur blanche. Ce dessin, situé par Ballarin entre 1570 et 1580, présente donc une datation proche de celle proposée pour notre portrait, autour de 1573. Cette dernière s’appuie sur une confrontation avec Les Recteurs de Vicence, Silvano Cappello et Giovanni Moro agenouillés devant la Vierge et l’Enfant trônant entre les saints Marc et Laurent (détail, Vicence, Museo Civico, 1573) arborant par ailleurs des capes de la même laque rouge que celle du velours recouvrant la table qui décrit les différentes nuances du tissu. Jacopo Bassano est un peintre de la Terre ferme et ne fut jamais l’élève direct de Titien (1488/89-1576) à Venise. Cependant, il subit tout au long de sa vie son ascendance, soit par la vision directe des œuvres du grand maître de Cadore, soit par l’intermédiaire des estampes d’après ses compositions les plus célèbres. En effet, lorsque Jacopo naît vers 1510, Titien, qui a un peu plus de vingt ans, devient l’héritier artistique de Giorgione (1478-1510) et commence à dominer la scène artistique vénitienne, et cela pour plus de soixante ans. Jacopo a fait son apprentissage dans l’atelier familial de Bassano del Grappa, auprès de son père Francesco Dal Ponte, dit Il Vecchio (vers 1475/78-1539), peintre et fondateur de la dynastie, puis selon une tradition ancienne auprès de Bonifacio Veronese (1487-1553) à Venise, où il est effectivement documenté en 1535 mais qu’il devrait avoir rejoint dès 1533. Très tôt, il est capable d’actualiser la culture archaïque de son père avec les premiers éléments modernes en provenance de la Lagune. C’est là une des caractéristiques de la vitalité de l’art de Jacopo dont la représentation va évoluer, avec des canons plus allongés et une atmosphère plus instable, souvent exprimée au moyen du nocturne, plus confidentiel, auquel il recourt plus souvent dans sa dernière production. Notes : 1. Alessandro Ballarin, Jacopo Bassano scritti 1964-1995, 2 vol., Cittadella (Padova), 2, 1995, p. 242-250. Nous remercions Alessandro Ballarin pour son aide dans l’analyse de ce portrait qu’il se propose de publier prochainement. 2. Ibid., I, 1995, p. 191-198 ; II, 1995, fig. 273.