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Mattia Preti (Taverna, 1613 - La Valletta 1699)

(Taverna, 1613 – La Valletta, 1699)

Portrait d’homme en astronome à la sphère armillaire

Huile sur toile, 98 x 73 cm 

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PROVENANCE


Londres, collection particulière.

BIBLIOGRAPHIE


-Yuri Primarosa, « Il talento e il mestiere. Nuova luce sull’ « Allegoria dei cinque sensi » di Mattia e Gregorio Preti », in Il trionfo dei sensi. Nuova luce su Mattia e Gregorio Preti, Yuri Primarosa (dir.), Rome, Gallerie Nazionali di Arte Antica, Palazzo Barberini, 22 février – 16 juin 2019, p. 30-32, fig. 26, 34, note 45.

DESCRIPTION



La paternité de ce portrait au grand maître de Taverna, a été prononcée en premier par Nicola Spinosa, suivi par Yuri Primarosa dans le catalogue de la toute récente exposition du palazzo Barberini de Rome, sur les frères Gregorio et Mattia Preti.
Mattia Preti a, assez tôt, laissé les terres calabraises pour un probable et court séjour à Naples où il a certainement regardé avec intérêt la peinture très naturaliste, attentif aux effets de lumière caravagesque de Battistello Caracciolo (1578 - 1635). Au début des années 1630, vers l’âge de dix-huit ans -la première trace sûre de son arrivée à Rome date de Pâques 1632-, il a déjà rejoint son frère aîné, mais il n’est pas exclu, comme le pense Gianni Papi, que Mattia soit arrivé encore enfant à Rome dans le sillage de son frère aîné, et qu’il ait commencé à s’y former dès 1624. Notre composition que Nicola Spinosa et Yuri Primarosa situent vers 1635, en conséquence une œuvre de jeunesse faite à Rome, a été exécutée encore dans le respect des codes caravagesques dictés par l’usage d’un fort clair- obscur, à un moment où justement le caravagisme est en train de vivre ses derniers feux1. Cette datation est contemporaine du Concert avec une scène de bonne aventure (Turin, Pinacoteca dell’Accademia Albertina), une œuvre de collaboration entre les deux frères, ambitieuse, forte en couleur et jouant de la pénombre du fond. La thématique de notre tableau renvoie à des compositions comme L’Archimède de Syracuse (Varese, Pinacoteca Larizza), ou, pour les caractéristiques du visage, à La Négation de Pierre (Rome, Gallerie Nazionali di Arte Antica, Palazzo Barberini et Carcassone, musée des Beaux-Arts).
De la pénombre du fond, émerge le rouge et or du drapé qui tient lieu de veste au personnage représenté. Toute l’attention du regard se traduit par le front plissé, les yeux résolument fixés sur le spectateur avec une grande expressivité. Ces détails du visage nous évoquent Ribera (1591-1652) qui séjourne à Rome de 1612 à 1616 avant de rejoindre Naples, en particulier ses figures de philosophes et de saints où le clair-obscur marqué fait partie intégrante de la composition. Ces caractéristiques physiques anticipent sur d’autres compositions de l’artiste comme le Diogène (Buscot Park [Oxfordshire], National Trust) situé par John T. Spike, vers 16362.
De toute évidence, et compte-tenu du costume qui semble en partie contemporain, le modèle s’est plu à se faire portraiturer en astronome. Le volumineux livre ouvert sur ses genoux -le modèle est assis- sur lequel prend appui la sphère armillaire renforce encore l’idée d’un portrait allégorique. 
La sphère armillaire est un attribut qui nous évoque les figures d’astronomes de Ptolémée ou de Copernic. Ptolémée (100-168) mettait la terre au centre de l’univers alors que Copernic (1473-1543) a placé le soleil au centre, détrônant ainsi la terre. Il a fallu attendre le début du XVIIe siècle pour que l’hypothèse de Copernic prévale et que les premières sphères armillaires héliocentriques soient réalisées.

Notes :
1-Gianni Papi, « La giovinezza di Mattia Preti », in Il trionfo dei sensi. Nuova luce su Mattia e Gregorio Preti, Yuri Primarosa (dir.), Rome, Gallerie Nazionali di Arte Antica, Palazzo Barberini, 22 février – 16 juin 2019, p. 35-37.
2-John T. Spike, Mattia Preti. Catalogo ragionato dei dipinti, Taverna, 1999, p. 121, n° 13.