Bartolomeo Cavarozzi (Viterbo 1587 - Roma 1625)
(Viterbo, 1587 – Rome, 1625)
Corbeille de fruitsHuile sur toile. 51 x 67 cm
- PROVENANCE
- BIBLIOGRAPHIE
- EXPOSITIONS
- DESCRIPTION
PROVENANCE
Collection particulière.
BIBLIOGRAPHIE
-Véronique Damian, dans Sweerts, Tanzio, Magnasco et autres protagonistes du Seicento italien, Paris, galerie Canesso, 2009, p. 18-21 ;
-Franco Paliaga, in L’origine della natura morta in Italia. Caravaggio e il Maestro di Hartford, Anna Coliva-Davide Dotti (dir.), cat. exp., Rome, Galleria Borghese, 16 novembre 2016 – 19 février 2017, p. 201, ill. 32, p. 246-247, n° 32.
EXPOSITIONS
L’origine della natura morta in Italia. Caravaggio e il Maestro di Hartford, Anna Coliva-Davide Dotti (dir.), Rome, Galleria Borghese, 16 novembre 2016 – 19 février 2017.
DESCRIPTION
Cette sculpturale Corbeille de fruits, aux couleurs intenses, vient d’être reconnue par Gianni Papi comme de la main de Bartolomeo Cavarozzi, un peintre qui, selon ce dernier, doit être considéré comme le plus grand auteur de natures mortes du mouvement caravagesque. Dès 1996, dans un article paru dans Paragone, l’historien de l’art1 avait formulé l’hypothèse que le grand peintre de Viterbe avait aussi exécuté des natures mortes sans figures dont certaines sont à reconnaître dans le groupe donné à l’anonyme Maestro di Acquavella – main à laquelle était aussi attribuée notre composition avant d’être présentée lors de l’exposition de la galerie Borghese de Rome (2017) comme d’un peintre caravagesque actif à Rome dans le premier quart du XVIIe siècle, pour retrouver finalement sa paternité à Cavarozzi.
Jusque-là, l’on donnait à ce peintre des natures mortes avec figures, comme l’ambitieuse Nature morte avec violoniste (Fig. 1 ; 82 x 126 cm, localisation inconnue) ou encore la Nature morte avec deux putti (dite aussi Nature morte Sangalli) de collection particulière (Fig. 2) qui présentent cependant l’une et l’autre le beau motif de la corbeille de fruits avec les grappes de raisin accrochées à l’extérieur, comme pour la nôtre.
Cavarozzi développe, pendant la seconde et la troisième décennie du XVIIe siècle, les stimuli déjà présents dans l’œuvre de Caravage (1571-1610), en particulier ici avec le motif de la corbeille qui nous renvoie au prototype du grand maître lombard aujourd’hui conservé à la Pinacoteca Ambrosiana de Milan. Mais là s’arrêtent les similitudes car notre composition est décrite en gros plan, presque sans vide autour de ce motif, sur un fond uni, assez sombre. Des libellules volètent d’un côté et de l’autre, sans compter la présence d’insectes sur les fruits qui dénotent la volonté de l’artiste de ne pas éliminer ces détails réalistes qui donnent de la vie tout en invitant le spectateur au memento mori.
L’artiste expose différentes variétés de raisin à l’extérieur de la corbeille, en passant du noir au blanc, comme pour accentuer l’effet de proximité avec le spectateur que permet ce cadrage serré. Tout comme dans Les Pélerins d’Emaus (Los Angeles, J. Paul Getty Museum) de Cavarozzi, les pampres de vignes s’échappent de cette composition à l’arrière-plan de la corbeille de raisins placée au tout premier plan – en équilibre instable – de la table. La fastueuse présentation des fruits sur trois niveaux avec les pommes et la grenade au sommet de cet empilement improbable est tout à fait caractéristique de l’artiste.
La résurgence assez récente d’un document d’archive du 2 mars 1613, attestant de l’activité de Bartolomeo Cavarozzi comme peintre de natures mortes autonomes, nous donne un ante quem dans ce domaine précis2. Il est encore prématuré d’avancer une datation précise pour ces œuvres de Cavarozzi mais Gianni Papi propose cependant une datation déjà avancée dans la carrière de l’artiste, dans les années de la troisième décennie, datation qu’il propose aussi pour la belle Nature morte récemment réapparue auprès de Colnaghi (Tefaf 2017 ; Fig. 3).
Notes :
1- Gianni Papi, « Riflessioni sul percorso caravaggesco di Bartolomeo Cavarozzi », Paragone, 5-7 (551-553-555), 1996, p. 85-96 ; idem, in « Pittori caravaggeschi e nature morte », Paragone, 65-66 (671-673), 2006, p. 59-71 ; idem, « Il primo ‘Lamento di Aminta’ e altri approfondimenti su Bartolomeo Cavarozzi », Paragone, 77 (695), 2008, p. 39-51
Ont adhéré à l’identification de Cavarozzi avec le Maestro d’Acquavella : Mina Gregori, « Due partenze in Lombardia per la natura morta », in Natura morta italiana tra Cinquecento e Settecento, Mina Gregori (dir.), cat. exp., Munich, Kunsthalle der Hypo-Kulturstiftung, 6 décembre 2002-23 février 2003, p. 32-35 ; Florence, Palazzo Strozzi, 26 juin-12 octobre 2003, p. 36-40 ; Daniele Sanguineti, in Bartolomeo Cavarozzi ‘Sacre Famiglie’ a confronto, cat. exp., Turin, Pinacoteca dell’Accademia Albertina, 6 octobre 2005-26 février 2006, Milan, 2005, p. 18-19.
2- Patrizia Cavazzini, « Fiori, frutti e animali nel mercato artistico romano di primo Seicento », in Roma al tempo di Caravaggio 1600-1630. Saggi, Rossella Vodret (dir.), Milan, 2012, p. 438-439 (avec la bibliographie précédente).