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Orsola Maddalena Caccia (Moncalvo, 1596 - 1676)

(Moncalvo, 1596 – 1676)

Marie Madeleine

Huile sur toile, 118.5 x 89 cm

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PROVENANCE


Provient d’une antique famille de Cuneo (Piémont); Vente Della Rocca, Turin, 23 mai 2017, lot n° 273 (comme Orsola Maddalena Caccia)

BIBLIOGRAPHIE


Inédit

DESCRIPTION


Notre splendide Madeleine, dépeinte dans le moment même de sa prise de conscience vers une nouvelle approche de sa vie, plus mystique, est un ajout significatif – et inédit – au corpus d’Orsola Maddalena Caccia, une rare femme artiste du XVIIe siècle au Piémont. Fille du peintre Guglielmo Caccia, dit Il Moncalvo,elle exerce l’art de la peinture, d’abord avec son père puis de manière autonome lorsque ce dernier lui lègue en mourant, en 1625, ses instruments de peinture ainsi que ses tableaux et ses dessins. Elle entame alors une longue activité de peintre et elle vécut jusqu’à l’âge de quatre-vingt ans. Il s’agit encore d’une artiste à redécouvrir car, comme Artemisia Gentileschi, elle est fille d’artiste et une des protagonistes féminines importantes de la peinture italienne de son siècle. Mais Orsola, au contraire d’Artemisia qui a toujours été dans la lumière, avait fait le choix de la closure et bien que peignant dans l’ombre de son couvent de Moncalvo – fondé par son père qui possédait des propriétés là – dont elle fut aussi mère supérieure, elle connut un grand succès d’estime au Piémont.
Madeleine est représentée ici avant sa pénitence, elle n’est pas accompagnée de ses attributs habituels que sont le crâne et la croix. Son costume recherché reflète encore sa vie mondaine, parée de bijoux, elle est coiffée de plumes colorées qui laissent échapper ses longs cheveux détachés. Le côté profane du tableau surprend: est-ce un portrait en Madeleine, peut-être même un autoportrait puisque notre artiste avait pris ce prénom accolé à celui d’Orsola (Ursule) lorsqu’elle était entrée en 1620 au couvent d’Ursulines de Bianzè, et bien qu’elle ait été baptisée avec celui de Theodora.
A la manière d’une Vierge à l’Enfant du Quattrocento, notre Madeleine est assise devant une niche recouverte d’un grand drapé vert, dans une attitude pensive, la tête appuyée sur la main droite. Une ouverture sur un fond de paysage – où se dessine, du bout du pinceau, une église– est parcourue de rayons dorés qui signalent la présence divine et l’immanence de sa conversion. De même, son regard tourné vers le haut laisse présager son changement de vie. Les fleurs, stylistiquement d’ascendance nordico-flamande, sans doute inspirées de florilèges et de gravures, permettent par leur symbolisme le lien entre le sacré et le profane: les roses sans épines blanches et roses symboles du mystère de l’incarnation, sont habituellement liées à la Vierge Marie, le narcisse évoque le mystère de la Pâques et donc la Résurrection, l’ancolie bleue symbolise le Saint-Esprit.
En effet, Orsola s’est émancipée de la peinture maniériste de son père en se faisant une spécialité dans la représentation de fleurs,soit parsemées dans ses compositions de figures, soit présentées dans des vases, parfois agrémentés de fruits et d’oiseaux en de véritables natures mortes à part entière. Très peu de ces tableaux, d’une qualité exceptionnelle, ont été identifiés, nous en connaissons une douzaine dont les premiers redécouverts par G. Romano furent les trois vases du Museo Civico de Moncalvo1. A ce titre, Orsola est considérée par Alberto Cottino2 comme la première vraie spécialiste de nature morte au Piémont et plus particulièrement de natura morta in posa. Ses nature mortes n’étaient pas conçues comme des éléments décoratifs mais comme des métaphores sacrées, porteuses de symboles précis, passeuses de sa dévotion de sœur Ursuline, ordre auquel elle restera fidèle toute sa vie.
La chronologie de ses œuvres est extrêmement difficile, nous proposons pour notre Madeleine une datation vers 1620-16303. Dans notre tableau, l’attention aux détails, les couleurs vives et brillantes, se retrouvent dans ses compositions les plus abouties comme la Nativité de la Vierge (Pavie, Musei Civici, Pinacoteca Malaspina) ou la Sainte Cécile à l’orgue, un ange qui accorde un luth et un cœur d’anges (Turin, Galleria Sabauda). Sa peinture s’est déclinée en nombre de tableaux dévotionaux pour les églises du Piémont et bien au-delà de sa région natale.

Notes:
1-Alberto Cottino, «Metafore dipinte: le nature morte ‘devote’ di Orsola Maddalena Caccia», in Orsola Maddalena Caccia, cat. exp.,Castello di Miradolo, San Secondo di Pinerolo, 3 mars –29 juillet 2012, p. 37.
2-Giovanni Romano, «Nature morte in Piemonte», in Arte antica e moderna, 28, 1964, p. 428-432.
3-Alessandro Morandotti, communication écrite à la galerie du 8 septembre 2020, propose une datation vers 1620-1625.